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FOIL SURF EN INDE29/2/2020 Quand je surfe sur internet sans vraiment savoir pourquoi je peux me laisser emporter par les vagues d’informations et finir par me perdre. Cependant, j’essaie toujours de garder une part de contrôle dans ma glisse 2.0, et d’aller vers des sites qui me font rêver. Le surf par exemple, c’est un sport qui me fascine. Certaines vidéos de free surfers sont incroyables. Parfois, je me dis même que j’aurais aimé être surfer pro. Je ne regrette pas d’être kitesurfer, bien au contraire, mais honnêtement, la quête de la vague parfaite est assez grisante je trouve. Là où je veux en venir, c’est qu’il y a quelques années, le foil est apparu dans le monde de la glisse, inondant toutes les disciplines. Kite foil, surf foil, windsurf foil, la course au large, et même le wing foil récemment… Un nouveau monde est né. Une glisse nouvelle a été inventée. Et moi, je suis très vite devenu accro à cette discipline. Depuis, mon terrain de jeu s’est métamorphosé. Avec un foil, on peut se faire plaisir dans toutes les conditions. Un clapot de downwind, une belle houle, des petites et des grosses vagues, tout devient “foilable”. Même un plan d’eau glassy se transforme en super spot ! C’est ainsi que je suis devenu surfer aussi. Un de mes rêves de gamin s’est réalisé grâce à ce nouveau sport. Je foil partout où je vais. Récemment je suis parti en Inde. J’ai commencé par surfer sur le net, en quête de spots insolites. Ce qui est incroyable, c’est que pour une fois, je n’étais pas obligé de checker les prévisions de vent. J’ai toujours un kite avec moi de toute façon, et si ça souffle, je suis prêt à dégainer mon aile et m’offrir une session. Cette fois-ci j’ai pu me concentrer sur les plus beaux lacs du Rajasthan. Mon objectif, c’était d’aller surfer les eaux sacrées de cette magnifique région. Cela fait parti de mon ADN. Je suis né dans les Ardennes et j’ai grandi autour d’un lac où mon père était directeur d’une base nautique. C’est surement pour cela que n’importe quel étang m’attire. Des fontaines du Trocadéro à Paris, au Retiro de Madrid, en passant par les bassins d’ocre du Luberon... je ride tout ce que je peux ! Les réservoirs d’eau sont souvent très beaux et cinématographiques. Il y a une limite visuelle, des repères, de la végétation, des constructions, des animaux et des hommes aussi. Un début et une fin. Pas comme l’océan, que j’adore aussi, qui lui est souvent visuellement presque infini avec un bel horizon droit devant. J’aime l’Inde, j’y suis déjà allé deux fois. Ce pays riche en culture et aux multiples couleurs m’émerveille. C’est là bas que j’ai fait mon premier voyage en solo il y a maintenant plus de 10 ans. J’étais revenu avec une énergie incroyable, des souvenirs plein la tête, et mes premières photos. Je m’imprègne de tous les endroits où je vais, et j’ai beaucoup de chance aujourd’hui de me considérer comme un citoyen du monde, et donc un peu indien aussi. Ma quête à moi, c’est avant tout celle de la glisse, du partage, de l’enrichissement intérieur, et de la beauté du monde. C’est dans cet état d’esprit que je suis parti faire le premier surf trip sur eau plate jamais réalisé en Inde... BIKANER Étape 1. Après deux jours dans le chaos de New Delhi, à traverser la ville en tuk tuk et en respirant un air ultra contaminé, j’ai vite décidé de partir vers l’ouest. Direction Bikaner, une ville aux portes du désert du Thar. Pour y aller, je prends un train de nuit: une couchette, et les vibrations du train me bercent… La ville de Bikaner est vibrante et très active. Sa vieille ville nous plonge dans l’époque des caravanes de chameaux et des lieux de négoces. Rapidement, je demande aux locaux s’ils connaissent un lac dans la région où je pourrais surf foiler… Tout le monde m’aiguille vers ce qui me semble être le meilleur spot: le fameux lac Gajner, où se dresse un magnifique palace. Le lendemain, réveil à 5h pour s’y rendre avant le lever de soleil. Sur place, la fraîcheur matinale et les premières lueurs m'enchantent. Le lieu est incroyable, presque irréel. Une magnifique bâtisse rose posée autour d’un lac. Le site est une réserve naturelle où des milliers d’oiseaux habitent. Leur chant me donne des ailes. C’est parti pour une session qui restera à jamais gravée dans ma mémoire. Quelques travailleurs de l'hôtel restent avec moi, ils me posent des questions sur le fonctionnement du foil et me regarde avec de grands yeux. Leurs sourires et leur bienveillance me débloque la crainte que j’avais à aller surfer des lieux peut-être interdits. Finalement ils me font bien sentir que tant qu’il y a du respect, tout est possible. JAISALMER Étape 2. Après une nouvelle nuit en train en direction de l’ouest à 100 kms du Pakistan, on se retrouve plongé dans une ville dorée en plein coeur du désert du Thar. Jaisalmer apparaît comme un mirage au-dessus des plaines désertiques tel un immense château de sable... J’arrive aux aurores, le fort de la ville arbore une couleur ocre. Après avoir fait le touriste dans cette magnifique ville, je décide de partir repérer un lac qui se trouve proche du centre historique. Les photos que j’ai vu sur internet sont dingues. Le spot a l’air magnifique. En arrivant au coucher de soleil, le lieu est de toute beauté, et fidèle à sa réputation. Quelques temples sont posés sur lac. Leurs reflets sur ce miroir d’eau dorée du soir invite les gens à profiter des derniers rayons de soleil. La vie est belle. Tout est parfait, sauf que cette réserve d’eau est stagnante, et que beaucoup de riverains déversent leurs eaux usées dans ce bassin… Je commence alors à demander si des gens se baignent parfois ici, et tout le monde me dit que non. L’eau est trop insalubre. Si je saute dedans, je risque de tomber malade. Très malade… Ma déception me pousse à chercher une alternative. En rentrant à mon hôtel, je discute avec mon hôte qui me dit qu’à une quarantaine de kms se trouve une oasis en plein milieu du désert, avec de l’eau propre où les chameaux vont boire. Ni une ni deux, j’organise un petit road trip. Très tôt le lendemain je m’apprête à vivre une nouvelle aventure… Le soleil se lève, la lagune est pure, et un bel arbre se tient juste à l’endroit d’où je peux partir. Je me sens vraiment loin de chez moi, et une émotion intense m'envahit. Je me rends compte de la chance que j’ai de pouvoir voler au dessus de ce lac en plein milieu du désert… Pour moi le surf foil, c’est un mélange de toutes les glisses que je pratique. Celle du kite bien sûr, mais aussi du parapente, et même de l’équilibre et de la concentration dont j’ai besoin sur ma slackline. C’est un super moyen pour se connecter au moment présent. UDAIPUR Étape 3. La cité des lacs, un de mes endroits préférés sur terre. C’est là où je voulais vraiment aller surf foiler. Partout sur mon chemin, dès que je demandais où aller, tout le monde me disait “Udaipur”. L’eau est belle là bas, constamment en mouvement car elle vient des montagnes avoisinantes, et est d’une pureté absolue pour beaucoup d’Hindous. De nouveau de bon matin, je me retrouve sur les rives du lac Pichola, juste avant le lever de soleil, mon foil sous le bras. Je m’approche d’un temple et je vois que je ne suis pas seul. Ce matin, comme tous les jours, des hindous viennent ici pour se laver, et faire leur prière. Un peu timide, je les observe et me dis que ça va être compliqué de foiler ici… Je ne veux pas manquer de respect envers leurs traditions. Puis un homme d’une cinquantaine d’années vient vers moi et me demande ce que je porte sous mon bras. Je lui explique le foil, le principe et pourquoi je suis venu ici. Il me répond avec un grand sourire qu’une fois ses prières terminées, il aimerait me voir voler au dessus du lac. Je reste donc là, émerveillé par la beauté du lieu, à observer des hommes qui se purifient ici chaque matin. Le soleil me caresse le visage. Je profite de l’instant. Une fois sa méditation terminée, l’homme vient me voir et me demande s’il peut m’aider. Je lui réponds que oui en lui disant de maintenir la planche au dessus de l’eau afin que je puisse me lancer. Ma session se transforme en quelque chose de bien plus puissant qu’un simple ride. Elle se développe en moments de partages avec ces hommes si ouverts d’esprit, intéressés et attentionnés. Nous ne parlons pas forcément la même langue mais nous nous comprenons. Nous sommes là ensemble, connectés par ce lac magique. Ensuite, le soleil a continué de monter dans le ciel, et chacun a repris sa route… Ces moments résonneront longtemps en moi. Merci la vie pour ce beau moment. KHAJURAHO
Étape 4. J’aurais aimé terminer ma quête de spots insolites à Varanasi, la capitale de l’Inde spirituelle, où je n’ai pas pu me mettre à l’eau pour des raisons d’eaux contaminées. C’est donc dans la capitale de l’érotisme indien que mon trip de foil s’est achevé. Là où il y a plus de 1000 ans, des artistes ont pu sculpter sur des temples en toute liberté les fantasmes les plus fous de leur imagination. Le kama sutra, un hymne à l’amour et à la sensualité. C’est avec un petit sourire aux lèvres que je pars surfer. Le foil à Khajuraho est pour moi un hymne à la glisse et à la liberté. Avoir le privilège de voler au dessus du plus grand réservoir d’eau de la région et qui bientôt va approvisionner cette grande ville en eau potable me donne de la force. Je remercie Khan, le chauffeur de Tuk Tuk si bienveillant qui m’a amené à l’endroit que je recherchais. Ce lac qui venait de se remplir grâce aux pluies des mois précédents a été à l’image de mon voyage en Inde: pur. Comments are closed.
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© Antoine Auriol